Nous arrivons enfin à Poulenc. À constater le nombre de ses pièces ici dans cet album, on voit que je lui porte un grand intérêt ! Chanter Poulenc a été pour moi une révélation, et je suis certain de ne pas être le seul dans la chorale de cet avis. Les mélodies de ses œuvres sont tout simplement irrésistibles, et troublantes d’expressivité. Poulenc n’hésite pas à faire usage des dissonances, ce qui rend ses moments plus harmonieux d’autant plus puissants. Les voix se chevauchent constamment, serrées les unes contre les autres. C’est une musique extrêmement difficile à apprendre et à performer, surtout pour des pièces comme celles-ci sans aucun accompagnement. On chante a cappella, sans filet.

Le Tenebrae factae sunt est la troisième d’une série de quatre pièces intitulée Quatre motets pour un temps de pénitence. Un petit mot sur l’enregistrement, fait par le Tafelmusik Chamber Choir de Toronto. Ils prononcent le texte latin à la française plutôt qu’à la manière italienne, comme on nous l’a toujours enseigné aux Petits Chanteurs. Ça sonne si faux à mes oreilles, et c’est malgré tout la version que j’ai choisie pour cet album. Pour tout le reste — justesse, expressivité, nuances — c’est un enregistrement exceptionnel. Je n’ai pas eu le choix de fermer les yeux sur ce petit détail linguistique !