Ronde — Maurice Ravel (France, 1915)

Les vieilles:
N’allez pas au bois d’Ormonde,
Jeunes filles, n’allez pas au bois :
Il y a plein de satyres,
de centaures, de malins sorciers,
Des farfadets et des incubes,
Des ogres, des lutins,
Des faunes, des follets, des lamies,
Diables, diablots, diablotins,
Des chèvre-pieds, des gnomes,
des démons,
Des loups-garous, des elfes,
des myrmidons,
Des enchanteurs des mages,
des stryges, des sylphes,
des moines-bourus,
des cyclopes, des djinns,
gobelins, korrigans,
nécromants, kobolds…
Ah !

Les vieux:
N’allez pas au bois d’Ormonde,
Jeunes garçons, n’allez pas au bois :
Il y a plein de faunesses,
de bacchantes et de males fées,
garcons, n’allez pas au bois.
Des satyresses,
des ogresses,
Et des babaiagas,
Des centauresses et des diablesses,
Goules sortant du sabbat,
Des farfadettes et des démones,
Des larves, des nymphes,
des myrmidones,
Il y a plein de démones,
D’hamadryades, dryades,
naiades,
ménades, thyades,
follettes, lémures,
gnomides, succubes,
gorgones, gobelines…
N’allez pas au bois d’Ormonde.

Les filles / Les garçons:
N’irons plus au bois d’Ormonde,
Hélas ! plus jamais n’irons au bois.
Il n’y a plus de satyres,
plus de nymphes ni de males fées.
Plus de farfadets, plus d’incubes,
Plus d’ogres, de lutins,
Plus d’ogresses,
De faunes, de follets, de lamies,
Diables, diablots, diablotins,
De satyresses, non.
De chèvre-pieds, de gnomes,
de démons,
Plus de faunesses, non !
De loups-garous, ni d’elfes,
de myrmidons
Plus d’enchanteurs ni de mages,
de stryges, de sylphes,
de moines-bourus,
De centauresses, de naiades, de thyades,
Ni de ménades, d’hamadryades, dryades,
folletes, lémures, gnomides, succubes, gorgones, gobelines,
de cyclopes, de djinns, de diabloteaux, d’éfrits, d’aegypans,
de sylvains, gobelins, korrigans, nécromans, kobolds…
Ah !

N’allez pas au bois d’Ormonde,
N’allez pas au bois.
Les malavisées vielles,
Les malavisés vieux
les ont effarouchés — Ah !

Ravel est un compositeur audacieux, et ce titre le démontre bien. Cette pièce et la suivante constituent deux des Trois Chansons du compositeur, sa seule musique pour chœur a cappella. Ravel écrit lui-même les textes, cherchant à reproduire l’esprit des comptines populaires. Ronde est une des pièces les plus virtuoses que je connaisse, avec énormément de texte à chanter très rapidement, suivant des harmonies de plus en plus complexes. Cet enregistrement en particulier par les Cambridge Singers est tout simplement époustouflant. Que cette chorale d’anglophones réussisse aussi bien à chanter et articuler cette pièce à une vitesse qu’on peut bel et bien qualifier de « vitesse Patenaude » (très, très vite) est un exploit. Qu’on se le tienne pour dit : quand on veut, on peut.

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